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PGE et dispositif de soutien aux entreprises fragilisées : comment bien les gérer sur le long terme ?

Publié le lundi 29 juin 2020 à 15h29
Par Marion Perrier, Accroche-press’ pour France Défi
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Véritables bols d’air, le PGE et le dispositif de soutien à la trésorerie des entreprises fragilisées par la crise du Covid-19 devront demain être remboursés.

Pour permettre aux entreprises de faire face à la crise liée à l’épidémie de Covid-19, l’État a mis en place de nombreuses mesures de soutien à leur trésorerie, à commencer par le Prêt garanti par l’État (PGE). Il s’agit d’un prêt accordé par la banque à une entreprise, pouvant représenter jusqu’à trois mois de chiffre d’affaires 2019 ou deux années de masse salariale. L’État y apporte sa garantie à hauteur de 90 %. L’entreprise bénéficie d’un différé d’un an pour le remboursement du capital et l’amortissement peut être étalé sur cinq ans.

Ouvert jusqu’à la fin de l’année, le PGE a déjà été massivement souscrit. Début juin, 85 milliards d’euros avaient ainsi été octroyés. « Il a été demandé par des entreprises vraiment en difficulté, qui avaient besoin d’une aide pour passer les prochains mois, mais aussi par une deuxième catégorie qui ne rencontrait pas de difficultés financières importantes sur le moment, mais qui s’interrogeait sur la manière dont l’activité allait reprendre », constate Philippe Cohen, expert-comptable chez Alexma Audit, membre du groupement France Défi.

Des aides ad hoc pour les déçues du PGE

Pour les TPE et PME qui n’auraient pas obtenu de PGE, même après sollicitation du médiateur du crédit, de nouvelles aides ont été instituées par un décret du 12 juin dernier. Les entreprises concernées doivent justifier de réelles perspectives de redressement et ne pas faire l’objet de procédures collectives d’insolvabilité. Elles peuvent prétendre à une aide représentant jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires hors taxe 2019 ou l’équivalent de leur masse salariale pour celles créées depuis le 1er janvier 2019.

Si le montant est inférieur à 800 000 €, l’aide prend la forme d’une avance remboursable, dont le remboursement peut s’étaler sur dix ans avec un différé d’amortissement en capital allant jusqu’à trois ans. Si le montant est supérieur, l’aide devient un prêt à taux bonifié, le capital n’est remboursé qu’après un an et l’amortissement. est limité à six ans. « Ces aides sont un bol d’oxygène, qui donne du temps aux entreprises », résume Philippe Cohen. Mais s’il s’agit dans l’immédiat d’un soutien salutaire, la question se pose aussi de leurs implications à moyen ou long terme.

Dépenser doucement et prévoir le remboursement

« Elles doivent être gérées en bon père de famille », résume l’expert-comptable. L’activité économique pourrait pâtir pendant longtemps des conséquences de l’épidémie et mieux vaut donc d’abord tâcher de ne pas dépenser trop vite cette trésorerie facilement accessible. Il importe également d’anticiper la question de leur remboursement. « Dans un an, il faudra commencer à rembourser le PGE. Certains seront en mesure de le faire en intégralité, d’autres devront négocier le plan d’amortissement avec leur banque et le taux appliqué sera alors fonction de l’environnement de l’entreprise », avertit Philippe Cohen. Certaines entreprises, trop en difficulté, risquent de ne pas pouvoir faire face à cette échéance.

Repositionnement stratégique

D’où l’importance de préparer l’avenir.

Ces aides doivent être vues comme une accalmie permettant à l’entreprise de se repositionner sur son marché, de retravailler son offre, son marketing, sa communication et de réfléchir à l’opportunité de réduire certaines charges 

Philippe Cohen, expert-comptable

 Mieux vaut également que le dirigeant suive de près l’évolution de la situation de son entreprise dans les prochains mois.  « Son expert-comptable peut l’y aider en lui apportant des chiffres en temps réel et la prise de recul parfois nécessaire à l’analyse de la situation », assure Philippe Cohen. Des échanges réguliers avec la banque et les différents partenaires de l’entreprise sont aussi à prévoir.

Ainsi, elle sera en mesure de réagir à temps si les difficultés s’installent. « Tant que l’on n’est pas en cessation de paiement, on peut se mettre en procédure de sauvegarde, ce qui permet de bénéficier d’encore un peu de temps pour se repositionner », souligne le professionnel.

Pour que les prêts et les avances consentis dans l’urgence aident les entreprises à pérenniser leur activité sur le long terme, c’est dès à présent et au quotidien qu’elles doivent réfléchir à la nécessité d’assumer leur remboursement.