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Prêt garanti par l’État : que peut demander votre banque ?

Publié le vendredi 22 janvier 2021 à 17h26
Par Marion Perrier, Accroche-press’ pour France Défi
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Le fonctionnement du prêt garanti par l’État et les prérogatives des établissements prêteurs sont encadrés par des règles fixées par le gouvernement. Mise au point. 

Mis en place pour aider les entreprises à affronter la crise du Covid-19, le prêt garanti par l’État (PGE) est un prêt octroyé par les banques, auxquelles l’État apporte une garantie couvrant jusqu’à 90 % du montant.

Ce dernier est plafonné à trois mois de chiffre d’affaires 2019 ou deux années de masse salariale pour les entreprises innovantes ou créées après le 1er janvier 2019. Le PGE se caractérise par un différé d’amortissement d’un an.

Au 1er janvier, 638 000 prêts avaient été accordés pour un montant de 130 milliards d’euros et le dispositif doit rester ouvert jusqu’au mois de juin 2021. Ses règles de fonctionnement ont été fixées par le gouvernement, la Fédération bancaire française (FBF) a pris plusieurs engagements pour soutenir les entreprises. Décryptage de ce que les banques peuvent demander s’agissant du PGE.

Prêt garanti par l’État : quelle documentation fournir ? 

Pour obtenir un PGE, l’entreprise doit d’abord s’adresser à sa banque habituelle, qui vérifie notamment son éligibilité. La documentation demandée ne doit pas être « excessive », selon la foire aux questions publiée par le gouvernement, et les banques sont invitées à s’appuyer sur leur connaissance préexistante de leurs clients. Si l’entreprise a pour interlocuteur habituel une banque en ligne non agréée à proposer du crédit, elle peut s’adresser à la banque mère du même groupe bancaire ou contacter une autre banque.

Pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10 millions d’euros et dont la notation Fiben, effectuée par la Banque de France, était forte, correcte ou acceptable avant la crise, l’établissement sollicité doit donner une réponse dans un délai de cinq jours après réception du dossier. Pour les autres entreprises, les banques se sont engagées à répondre dans les meilleurs délais.

 Attention, s’agissant de la décision d’octroyer ou non le prêt, la documentation du gouvernement précise qu’« il n’y a pas de droit au PGE ».

Le cumul de plusieurs PGE est-il autorisé ? 

Il est possible de demander un nouveau prêt garanti par l’État après en avoir déjà bénéficié une première fois, tant que la somme cumulée des PGE ne dépasse pas le plafond de montant prévu par le dispositif. Deux types de PGE spécifiques ont également été créés pour certains secteurs d’activité et peuvent être cumulés avec PGE classique. Tous deux fonctionnent sur le même principe, mais permettent d’accéder à des sommes plus importantes.

Ainsi, le PGE saison donne accès à un prêt plafonné aux trois meilleurs mois du chiffre d’affaires 2019 pour les entreprises liées au tourisme. La liste des codes NAF y ouvrant droit figure dans la FAQ du gouvernement. Le PGE Aéro s’adresse aux fournisseurs et plateformes de l’aéronautique, dont les définitions sont également précisées dans cette FAQ, et leur permet d’emprunter un montant additionnel au PGE classique, calculé sur la valeur de leurs stocks.

Prêt garanti par l’État : la banque peut-elle demander une garantie ? 

La banque ne peut demander aucune garantie personnelle ou sûreté au dirigeant d’entreprise. C’est l’État qui garantit la grande majorité du prêt.

Elle peut en revanche proposer, mais pas imposer, la souscription d’une assurance décès couplée au PGE.

Quelles sont les modalités de remboursement ? 

Le PGE comporte une période de différé d’amortissement d’un an, pendant laquelle, seuls les intérêts et le coût de la garantie de l’État sont payés. À l’issue de cette année, l’entreprise est libre de décider de rembourser entièrement le PGE, de fixer une durée d’amortissement sur un à cinq ans avec sa banque, ou de rembourser une partie du PGE et d’amortir le reste.

Depuis le 14 janvier dernier, il est prévu que les entreprises puissent de droit bénéficier d’un an supplémentaire de différé si elles le demandent. Ainsi, une entreprise ayant contracté un PGE en mai 2020, et qui ne serait pas en mesure de commencer à le rembourser en mai 2021, pourra demander un report d’un an et commencer à le rembourser à partir de mai 2022. Quelle que soit la décision du chef d’entreprise, la durée totale du prêt ne peut excéder six ans.

Quel est le délai pour se positionner sur le remboursement ? 

La banque ne peut pas demander à l’entreprise de décider en avance des modalités de remboursement de son prêt. Les textes précisent que celles-ci doivent être étudiées par l’entreprise et son banquier « deux à quatre mois avant la date anniversaire de souscription du PGE ».

Toutefois, un « dialogue personnalisé » entre le chef d’entreprise et son conseiller est également prévu, en amont de cette décision, au cours duquel le dirigeant est notamment informé des taux applicables à son PGE selon les différentes maturité envisageables.

Prêt garanti par l’État : quels sont les taux des banques ? 

Les banques se sont engagées à octroyer les PGE « à prix coûtant ». Cela signifie que le taux pour l’entreprise correspond à celui auquel la banque accède elle-même à la ressource additionné de la prime de garantie.

Le barème de cette prime dépend de la taille de l’entreprise et de la maturité du prêt. Il varie entre 0,25 % et 1 %.

Au total, en tenant compte des conditions de taux en fin d’année dernière, les banques se sont engagées à proposer une tarification maximale de 1 à 1,5 % pour des prêts remboursés d’ici 2022 ou 2023 et de 2 à 2,5 % pour ceux remboursés d’ici 2024 à 2026.

Quels sont les recours ? 

Des recours existent dans les cas où ces règles ne semblent pas respectées. « En cas de difficultés de financement avec la banque, la médiation du crédit aux entreprises peut être saisie », précise la FBF. Dans le contexte du Covid-19, une procédure accélérée existe pour saisir la médiation du crédit.

En cas de refus, l’entreprise peut solliciter d’autres banques ou, également, la médiation du crédit. La banque qui refuse doit « dans la mesure du possible », justifier sa décision et produire un écrit, notamment si l’entreprise en a besoin pour solliciter d’autres dispositifs d’aides. D’autres financements sont en effet accessibles en se rapprochant de son comité départemental d’examen des problèmes de financement des entreprises (CODEFI) comme les prêts bonifiés et avances remboursables ou les prêts participatifs.