Trouver votre expert comptable

Passer de salarié à chef d’entreprise… cela se prépare

Publié le vendredi 14 septembre 2018 à 15h06
Par Xerfi business pour France Défi
Experts & Décideurs Chef d'entreprise Psychologie Passer de salarié à chef d’entreprise… cela se prépare

Wilfried Gauthier, expert-comptable associé de Bidault Richard, membre du groupement France Défi, explique dans la chronique d’Experts & Décideurs TV sur Xerfi Business les points d’attention lorsque l’on passe du statut de salarié à celui de chef d’entreprise.

Thibault Lieurade
Wilfried Gauthier bonjour, vous êtes expert comptable associé au sein du cabinet Bidault Richard associés qui est membre de France Défi. On va évoquer ensemble un cas très concret, celui du salarié qui devient chef d’entreprise. On va partir du principe que le salarié a les compétences en main, il connaît parfaitement la technique de son métier. À partir de ce postulat quel est le principal défi qu’il doit relever quand il devient chef d’entreprise ?
Wilfried Gauthier

Pour moi le point d’attention le plus important vient de soi, c’est à dire le comportement qu’il faut qu’on adopte vis-à-vis des futurs salariés, des futurs collaborateurs avec qui on va travailler. C’est un comportement où il faut imposer sa stature, il faut imposer ses idées mais il faut le faire correctement en adoptant un comportement qui est vraiment adéquat.

Cela passe également par le fait d’accepter tous les avantages que l’on obtient en devenant patron : la rémunération, le statut social… Mais également toutes les contraintes qui en découlent, on ne peut pas se permettre de faire des heures dit de salarié lambda, on va forcément passer beaucoup de temps dans l’entreprise.

La contrainte est de pouvoir coupler la vie personnelle et la vie professionnelle. Et c’est également une préoccupation qui est vraiment permanente. C’est-à-dire que même quand on est pas dans la société, on va y penser de manière assez régulière, donc il est vrai que les week-ends il faut aussi accepter cet inconvénient là.

T.L.
Oui effectivement il y a un changement psychologique important.
W.G.

Il y a un aspect vraiment psychologique qui est très important, qui est vraiment personnel, dont il faut vraiment prendre conscience et ça vous permettra après de pouvoir imposer votre statut, votre mentalité, votre responsabilité.

Il ne faut pas oublier qu’il y a quand même une responsabilité qui est importante. On ne pense plus à soi, on pense pour les autres, c’est à dire qu’on est garant des emplois qu’on peut gérer puisque si on n’arrive pas à faire travailler correctement la société, forcément, c’est les emplois qui peuvent en pâtir derrière.

T.L.
Oui bien sûr. Et au delà de ce changement psychologique, on a compris qu’il était important, quel est le premier défi que doit relever le nouveau patron ?
W.G.

Pour moi le premier défi va être de savoir gérer et manager son équipe. C’est vraiment le point d’ordre initial, c’est la première image que vous donnez qui est quand même la bonne, il est vraiment important que vous preniez conscience que le management n’est pas inné pour tout le monde et quand bien même on a l’impression de faire les choses correctement, ça peut ne pas être adapté aux vraies techniques de management.

Personnellement je conseillerais de faire une formation, sur par exemple une année, qui permettrait en effet d’apprendre tous les rouages du management pour pouvoir réellement adapter son propre comportement vis-à-vis des personnes que vous avez en face de vous. Il y a des systèmes de management qui permettent de cartographier un petit peu les personnes dans des couleurs ou ce genre de choses et ça vous permet de vous adapter à ce niveau là.

Il y a également un point que je trouve très important par rapport à ce management d’équipe, c’est qu’il faut éviter à tout prix de créer des jalousies entre les collaborateurs : il est vraiment important d’adopter un comportement où ce qu’on fait pour un est également valable pour un autre, il ne faudrait pas qu’on soit responsable en effet d’une jalousie interne qu’il pourrait y avoir au sein d’une société, je pense qu’assez de choses peuvent faire qu’on puisse être jaloux vis-à-vis de quelqu’un d’autre donc autant éviter d’en créer.

T.L.
Et puis il y a un cas spécifique que j’aimerais aborder avec vous, c’est celui du salarié qui devient patron de l’entreprise dans laquelle justement il était salarié depuis plusieurs années, et je crois que vous connaissez bien ce cas spécifique Wilfried Gauthier.
W.G.

Tout à fait puisque j’ai vécu ce cas là. J’ai travaillé pendant une dizaine d’années au sein de l’entreprise que je suis maintenant amené à diriger. C’’est à mon avis l’aspect le plus dur à faire. C’est plus beaucoup plus facile à mes yeux d’arriver dans une nouvelle société, de vraiment d’imposer sa nouvelle stature de suite. Là il faut que votre comportement fasse que vos collègues, enfin vos anciens collègues ou amis que vous pouviez côtoyé à ce titre là, comprennent que maintenant vous êtes en effet le dirigeant.

T.L
Oui ce changement de statut il faut l’accompagner.
W.G

Il faut vraiment l’accompagner et par rapport au premier point qu’on évoquait tout à l’heure, c’est encore plus important d’aller créer une distance assez importante dans un premier temps, de manière à ce que tout le monde puisse trouver sa place. Vous-même aussi, c’est à dire que vous avez besoin je pense de vous affirmer, de vous considérer comme un patron. Et comme vous allez impulser cette vision là, les autres vont forcément, normalement, vous suivre. Alors certains suivront pas mais il faut aussi pouvoir l’accepter, et le cadre de jalousies dont on parlait tout à l’heure, là on est typiquement dedans c’est à dire qu’il ne faut pas du tout que certains collaborateurs puissent penser que vous favorisez certaines personnes vis-à-vis d’elle.

T.L
Parce que c’était vos amis.

W.G
Tout à fait parce que c’était vos amis et il faut accepter qu’ils ne soit plus vos amis.

T.L
Merci Wilfried Gauthier pour ces précieux conseils je suis sûr que ceux qui nous écoutent et qui sont dans ce cas en feront bon usage, merci beaucoup.
W.G

Merci bien, au revoir