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Handicap mental ou psychique : quelle place en entreprise ?

Publié le jeudi 22 septembre 2022 à 13h27
Par Céline Chaudeau, Accroche-press’ pour France Défi
Experts & Décideurs Ressources humaines Management Handicap mental ou psychique : quelle place en entreprise ?

Moins de deux personnes sur dix avec un handicap psychique auraient un emploi. Or, des initiatives permettent de lever certains tabous et d’accompagner les employeurs accueillant une personne atteinte d’un handicap mental ou psychique. 

Elle fait partie des heureux « élus ». À 36 ans, Éléonore Laloux occupe un poste administratif dans un hôpital privé. « J’ai poursuivi des études de secrétariat. Je n’avais aucune envie de me diriger vers des métiers manuels comme la cuisine ou le ménage auxquels on me destinait avant de me connaître. » Éléonore est aussi porteuse d’un handicap sévère. « Triso, et alors ? » plaisante-t-elle volontiers. De cette boutade, elle a fait un combat et un livre (chez Max Milo Editions).

Ambassadrice de l’inclusion, elle est devenue la première femme porteuse de trisomie 21 en France à avoir été élue conseillère municipale à Arras. « Quand elle était petite, nous avons insisté pour qu’elle poursuive sa scolarité en milieu dit ordinaire », précise Emmanuel Laloux, son père, fondateur de « Down Up ». Le nom cette association est un clin d’œil au « syndrome de Down » qui désigne la trisomie 21 en anglais. « Nous avons décidé d’aborder cette maladie de façon positive, vers le « haut » avec une association résolument ancrée dans l’opérationnel et notamment vers le monde du travail. À l’hôpital, comme au conseil municipal, Éléonore est un peu aidée. Son parcours montre que c’est l’environnement qui met une personne en situation de handicap, davantage que sa déficience ou sa différence. »

Handicap mental ou psychique :  des « job coachs » externes

Selon l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), seules 19% des personnes avec un handicap psychique auraient un emploi. Parmi elles, les profils sont très variés. Quand le handicap est sévère, certains ont accès à des emplois milieu protégé (ESAT). Cependant, rien n’empêche la plupart de postuler en milieu ordinaire. Pour les accueillir, les employeurs peuvent s’adresser à des plateformes d’emploi accompagné.

 

Concrètement, des « job coachs » externes à l’entreprise peuvent proposer un suivi professionnel et médico-socio-pédagogique. « Il faut être engagé et un peu imaginatif », plaide Jean-François Dufresne, fondateur de l’association « Vivre et travailler autrement » pour aider les employeurs prêts à s’investir dans l’accueil de ces candidats atypiques. Ancien directeur général du groupe Andros, il est sensibilisé à la question de l’autisme grâce à son fils. « Plutôt que de l’envoyer dans un foyer d’accueil médicalisé, nous lui avons trouvé un poste, sur la chaîne de production, adaptable à son profil. » Alors que son fils est en CDI depuis cinq ans, il se félicite que d’autres employeurs, comme L’Oréal ou Servair, aient adopté cette démarche.

Accueillir tous les troubles psychiques

En France, une personne sur cinq risque de connaître un trouble psychique au cours de sa vie. Certains handicaps sont durables, d’autres plus passagers comme la dépression, des troubles anxieux, l’addiction ou des troubles alimentaires. « Ces sujets ne doivent plus être tabous », insiste Aurélie Hallouin, chargée de responsabilité sociale et référente nationale handicap chez ADP. Les salariés concernés doivent comprendre que l’on est handi-accueillantsQuand un trouble entraîne des problèmes de concentration ou des difficultés relationnelles, un référent pourra mettre à disposition une salle pour s’isoler de temps en temps. Entre autres. Bien sûr, toutes les situations sont différentes, mais on peut souvent proposer des aides simples. »