Trouver votre expert comptable

Entrepreneuses : comment aborder sereinement sa maternité ?

Publié le jeudi 4 septembre 2025 à 14h02
Par Marion Perrier, Accroche-press’ pour France Défi
Experts & Décideurs Chef d'entreprise Organisation personnelle Entrepreneuses : comment aborder sereinement sa maternité ?

Au-delà des droits dont disposent les dirigeantes d’entreprise dans le cadre de la maternité, elles peuvent craindre un impact négatif sur leur activité. Mais ce n’est pas une fatalité.

En principe, s’agissant de la maternité, les droits des travailleuses indépendantes sont identiques à ceux des salariées. Elles peuvent ainsi bénéficier d’un congé de 112 jours au maximum pour une grossesse simple d’un premier ou deuxième enfant. À condition de justifier de six mois d’affiliation à la sécurité sociale à la date de l’accouchement et de cesser toute activité professionnelle pendant au moins huit semaines, dont six après la naissance, elles ont droit à une allocation forfaitaire de repos maternel de 3 925 euros et au versement d’indemnités journalières dont le montant, plafonné à 64,52 euros par jour, est calculé en fonction des revenus et cotisations versées à l’Urssaf.

Un congé souvent raccourci

Pour beaucoup, la pratique n’est toutefois pas si simple. Dans une étude de mars 2023, l’Ifop a mesuré qu’environ sept entrepreneuses sur 10 reprennent le travail avant la fin de leur congé maternité et qu’un tiers d’entre elles étaient même sur le pont une semaine après l’accouchement. Derrière ces chiffres, plusieurs explications, selon Solène Pignet qui a créé le podcast Grossesse d’entrepreneuses et accompagne les femmes dans la gestion de cette période.

Une réalité éloignée

D’abord ces droits ne sont pas toujours bien connus. Ensuite, « ils ont été pensés en miroir de ceux des salariées. Mais égalité ne veut pas dire équité. Pour les entrepreneuses, un arrêt de plusieurs mois impacte le chiffre d’affaires et leur activité bien au-delà de leur seule rémunération », explique la spécialiste qui se veut pourtant optimiste. « En analysant 150 retours d’expérience, j’ai constaté que celles qui s’en sortaient le mieux étaient celles qui prenaient un vrai congé maternité en se faisant remplacer ou en mettant en place une vraie stratégie pour pallier ce ralentissement. Finalement, cette période peut aussi être un vrai tremplin pour l’activité », assure-t-elle.

Déléguer ou nouer des partenariats

Pour les dirigeantes à la tête d’une équipe, il peut être possible d’assurer son remplacement par ses collaborateurs et d’accélérer la délégation de missions, phase que les créateurs et créatrices d’entreprise peuvent avoir du mal à engager. « Cela oblige à responsabiliser d’autant plus les membres de l’équipe qui peuvent à cette occasion gagner en expertise avec des bénéfices sur le long terme », explique Solène Pignet.

 

Pour une autoentrepreneuse aussi, des solutions sont envisageables. « Cela peut passer par la mise en place de partenariats avec des « collèges d’écosystème » – pour ne pas dire des concurrents – qui prennent la relève auprès de clients et prospects, contre la rétrocession d’une partie du chiffre d’affaires généré », illustre la spécialiste.

L’automatisation de certaines tâches peut aussi permettre d’assurer une présence et le développement de son activité pendant cette période de congé, en anticipant par exemple pour programmer certaines publications sur les réseaux ou des newsletters, selon les pratiques habituelles.

Soigner sa communication

Bien sûr, la manière d’annoncer l’événement est clef. Auprès des clients, « comme auprès de tous ceux qui sont susceptibles de se désengager : partenaires, investisseurs, équipe », pointe Solène Signet, qui recommande d’anticiper les craintes qui se feraient jour et prévoir des réponses et des solutions potentielles, à discuter avec eux.

Enfin, certaines dirigeantes arrivent à négocier au mieux cette période en revoyant leur modèle économique. « Cela peut vouloir dire réfléchir à sa rentabilité et voir comment optimiser sa façon de travailler ou réorienter son activité pour se concentrer sur un sujet plus spécifique », illustre la spécialiste. Sans forcément tout remettre en cause, cette pause peut aussi être vue comme une occasion de prendre un peu de hauteur et le temps d’une réflexion stratégique bienvenue.