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Comment fonctionne la cotation entreprise de la Banque de France ?

Publié le lundi 6 septembre 2021 à 09h58
Par Marion Perrier, Accroche-press’ pour France Défi
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La cotation entreprise de la Banque de France intègre des éléments quantitatifs et qualitatifs pour évaluer la capacité de chaque entreprise à honorer ses engagements. Focus.

Cet indicateur peut changer beaucoup de choses pour une entreprise. Sa cotation par la Banque de France est, en effet, déterminante pour son accès au financement. Elle se compose d’une lettre traduisant le niveau d’activité de l’entreprise et d’un chiffre, sa cote de crédit, évaluée sur une échelle à treize niveaux, le meilleur étant 3++.

Cette cotation est déterminée chaque année par les analystes de la Banque de France, pour environ 270 000 entreprises non financières françaises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 750 000 €. « Elle constitue une appréciation portée sur la capacité d’une entreprise à honorer ses engagements financiers sur un horizon de un à trois ans », précise Pierre-Yves Gauthier, chef du service de méthodologie et d’analyse des entreprises à la Banque de France.

Cotation entreprise de la Banque de France: une référence pour les financeurs

Communiquée à l’entreprise elle-même, la cotation sert à de nombreux acteurs. Elle est ainsi utilisée par les banques, les assureurs-crédits, les plateformes de crowdfunding, mais aussi, notamment, par les administrations publiques intervenant dans la prévention des difficultés des entreprises.

Les banques y sont particulièrement attentives. Cet indicateur est, en effet, reconnu par leurs régulateurs : il détermine notamment la possibilité pour une banque de refinancer les crédits qu’elle accorde auprès de la Banque centrale européenne et peut lui servir à calculer les fonds propres réglementaires dont elle doit se doter du fait de son activité de prêt. La cotation Banque de France lui est aussi utile pour mesurer son risque de crédit car elle tient compte de l’ensemble des engagements bancaires d’une entreprise.

Qu’il s’agisse de négocier une nouvelle ligne de crédit ou d’obtenir l’accès à certaines aides, la cotation Banque de France d’une entreprise peut donc être décisive pour elle et constitue une information précieuse.

Elle représente un regard extérieur, fourni par une institution indépendante, et une référence commune pour toutes les banques

Pierre-Yves Gauthier, chef du service de méthodologie et d’analyse des entreprises à la Banque de France

Diagnostic financier et analyse qualitative

Une grande rigueur préside logiquement à l’élaboration de la cotation. « Il s’agit d’un exercice très encadré, souligne le chef du service. Sa détermination s’appuie sur deux jambes : un diagnostic financier très classique et une analyse qualitative, car les chiffres ne disent pas tout ».

Non seulement la Banque de France collecte les données comptables et financières des entreprises à partir desquelles ses analystes construisent leur diagnostic, mais ces derniers s’attachent aussi à l’environnement de chaque entreprise. Ils tiennent compte de son secteur d’activité, des évolutions de son marché, de sa stratégie, etc.

Plusieurs éléments caractérisent ce travail de cotation. D’abord, les analyses s’efforcent de se construire une vision financière la plus dynamique possible, en s’appuyant, non seulement sur la liasse fiscale, mais aussi sur des états intermédiaires certifiés pour calculer leurs ratios comptables et financiers. L’analyse est également pluriannuelle, l’entreprise étant suivie dans le temps. Elle comporte enfin une dimension prospective. Pour mesurer, par exemple, la capacité de rebond d’une entreprise, comprendre ses projets, l’analyste peut ainsi s’entretenir avec le dirigeant.

Cotation entreprise de la Banque de France, l’importance de la transparence

Le chef d’entreprise a donc un rôle à jouer dans le processus de cotation. Mieux vaut opter pour le dialogue avec la Banque de France. « Plus le dirigeant donne d’informations, plus la cotation sera représentative », explique Pierre-Yves Gauthier. Inutile de chercher à embellir son business plan et ses projections, les analystes suivent l’entreprise dans le temps et savent se souvenir d’effets d’annonce trop optimistes.

« Il faut affronter la réalité. Si la dette est élevée, elle est élevée », résume-t-il. Mais si elle résulte de la souscription d’un PGE de précaution et s’assortit d’une hausse de trésorerie, l’analyste saura faire preuve de discernement. Idem si les perspectives sont mauvaises pour un secteur, mais que le chef d’entreprise peut expliquer et démontrer les actions menées pour réorienter son activité. L’important est donc de jouer cartes sur table et de réussir à se souvenir, même dans les périodes plus délicates, que la qualité et la fiabilité de la cotation est un atout pour l’ensemble des acteurs économiques.