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Endométriose et travail : comment l’employeur peut-il agir ?

Publié le lundi 14 février 2022 à 16h06
Par Marion Perrier, Accroche-press’ pour France Défi
Experts & Décideurs Ressources humaines Management Endométriose et travail : comment l’employeur peut-il agir ?

La maladie qui touche de nombreuses femmes se traduit souvent par des difficultés dans leur vie professionnelle. Sensibilisation, écoute et flexibilité de la part de l’entreprise peuvent aider les salariées touchées à mieux concilier endométriose et travail.

Encore mal connue, l’endométriose touche pourtant une femme sur dix en France. Les symptômes de cette maladie gynécologique inflammatoire chronique varient selon les malades. Elle peut entraîner des douleurs intenses et répétées au niveau abdominal, dorsal, dans les jambes, une forte fatigue, des troubles gastro-intestinaux, ou encore des malaises.

Cela perturbe la vie professionnelle des femmes touchées. Selon l’enquête EndoVie réalisée en 2019 par Ipsos pour l’association EndoFrance, 65 % des femmes actives atteintes d’endométriose déclarent que la maladie affectent de façon importante leur bien-être au travail. Difficulté à tenir son poste, à maintenir la position debout ou assise, troubles de concentration lors des crises… le quotidien de travail peut être ingérable.

Douleurs et absentéisme

« D’abord il y a la douleur, qui ne cède pas à un simple antalgique, invalidante. Puis il y a la fatigue chronique, mais aussi les effets secondaires de certains médicaments qui peuvent entraîner de la somnolence ou encore des changements de caractères pour les traitements hormonaux », explique Yasmine Candau, présidente d’EndoFrance qui a publié un livre blanc sur le sujet.

Ces difficultés se traduisent par des arrêts de travail. « Parfois, on est incapable de poser le pied par terre. Le problème : on ne peut pas prévoir ces arrêtes de travail ou connaître leur durée lorsqu’ils sont pris pour des opérations. Cela désorganise l’entreprise et on peut comprendre que cela soit difficile à recevoir. La conséquence peut être le ras-le-bol des collègues ou la hiérarchie qui se dit qu’elle ne peut pas compter sur la salariée », énumère la présidente de l’association.

Dans une enquête sur le sujet, Alice Romario, sociologue au Centre d’Etude de l’Emploi et du Travail, du Conservatoire national des arts et métiers note que 12 % des femmes interrogées ayant fait part de leur maladie à leur direction déclarent que « celle-ci a réagi négativement en tenant des propos intrusifs, inadaptés ou malveillants ou encore en adoptant des comportements perçus comme relevant du harcèlement ou de la mise au placard ».

La maladie fait désormais l’objet d’une stratégie nationale, annoncée début janvier par Emmanuel Macron. Celle-ci prévoit notamment d’accroître la recherche sur le sujet et d’améliorer la prise en charge des malades. Les entreprises peuvent elles aussi agir à leur échelle. Il s’agit à la fois de faciliter le maintien dans l’emploi des femmes touchées, mais aussi de contribuer à lever les tabous et l’incompréhension qui entourent encore cette maladie.

Une des premières actions que peut mettre en place un employeur, c’est d’organiser des sessions de sensibilisation qui peuvent aider à changer le regard  

Yasmine Candau, présidente d’EndoFrance.

Les associations comme EndoFrance ou EndoMind peuvent ainsi intervenir en entreprise lors d’opérations s’adressant à l’ensemble des salariés ou plus particulièrement aux managers.

Informer et s’adapter

Il peut être utile de diffuser des informations sur la maladie et de rappeler le rôle du médecin du travail qui peut accompagner les  femmes sur ce sujet. « Il est un allié qui peut faire le point sur l’état de santé de la patiente, sa compatibilité avec son poste de travail et indiquer à l’employeur  des aménagements de poste à mettre en place », souligne Yasmine Candau. Fauteuil plus adapté, suppression des missions les plus éprouvantes physiquement… certains changements peuvent s’avérer très bénéfiques.  Pour les personnes les plus en souffrance, le médecin du travail peut aussi les aider pour obtenir la reconnaissance de travailleur handicapé.

 

Faire preuve de flexibilité dans l’organisation du travail peut aussi simplifier la vie des malades d’endométriose et plus largement des personnes souffrant de maladies chroniques. « Il y a des choses à mettre en place pour que ce soit plus confortable pour les deux parties. Par exemple, former une personne en doublon qui puisse remplacer la salariée malade sur certaines missions, cela rassure tout le monde », illustre la présidente d’EndoFrance. Autoriser sa salariée à adapter ses horaires pour qu’elle puisse se reposer au plus fort de la crise quitte à rattraper son travail un peu plus tard peut aussi aider. Dans certains cas, des formations pour se réorienter peuvent être envisagées pour permettre d’accéder à des postes plus adaptés à ses contraintes.