Les jeunes actifs ne rejettent pas le travail mais veulent un emploi à la hauteur de leurs attentes en termes de salaire, d’absence de stress et de reconnaissance.
L’Institut Montaigne a mené une vaste enquête auprès de 6 000 jeunes âgés de 16 à 30 ans pour décrypter leur relation au travail. Les résultats de cette étude, publiés en avril, éclairent le rapport au travail des nouvelles générations, leurs aspirations et leurs désillusions. Les entreprises y trouveront des enseignements précieux pour adapter leur politique de recrutement et leurs méthodes de management.
Le travail, un pilier fondamental
Premier enseignement central : le travail demeure un pilier fondamental d’intégration et d’accomplissement personnel pour les jeunes. Leur satisfaction dans la vie reste étroitement liée à la satisfaction au travail, à tel point que 80 % d’entre eux affirment qu’ils continueraient à travailler même sans nécessité financière. Deuxième enseignement clé : les auteurs mettent en évidence un « choc du réel », un décalage entre les aspirations des jeunes et la réalité de l’emploi, qui alimente une série d’insatisfactions professionnelles.
Au premier rang des aspirations des jeunes à l’égard du travail se trouve la rémunération. Elle s’impose clairement comme le critère le plus déterminant, suivie par l’équilibre entre le temps de travail et le temps libre, l’absence de stress lié à l’emploi et les possibilités d’évolution professionnelle, est-il indiqué dans l’étude. Un point notable est la place assez faible des préoccupations liées à la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) : ce critère arrive en 14e position sur les 15 retenus par les chercheurs.
Frustrations et insatisfactions
Bien que l’étude révèle une satisfaction moyenne au travail relativement élevée, elle souligne que la majorité des jeunes ressentent des frustrations. Les deux principales attentes (rémunération et équilibre vie professionnelle-vie personnelle) constituent aussi les sources de frustrations les plus fortes, témoignant d’un « décalage profond entre les aspirations des jeunes et les conditions réelles de leur emploi », relèvent les auteurs. La question du stress au travail génère également de nombreuses insatisfactions, montrant que les jeunes actifs sont davantage sensibles aux risques psychosociaux qu’aux risques physiques.
En matière de management, l’enquête de l’Institut Montaigne montre qu’il n’y a pas de rejet général de l’autorité chez les jeunes, mais plutôt un « malaise face à des pratiques managériales perçues comme déconnectées de leurs attentes ». Les chercheurs identifient ainsi « une véritable attente de transformation du management, non pas sur le principe d’autorité lui-même, mais sur les pratiques de reconnaissance, d’écoute et d’accompagnement, éléments décisifs pour garantir l’épanouissement des jeunes en entreprise ».
Passer au « management du XXIe siècle »
L’étude distingue enfin quatre grandes figures de la jeunesse au travail : les satisfaits (32 %), pleinement intégrés dans leur entreprise ; les frustrés (28 %), contestataires ou démotivés ; les rebelles (20 %), qui apprécient leur emploi mais rejettent la hiérarchie ; et les fatalistes (20 %), qui affichent peu d’attentes et peu de frustrations. En conclusion, les auteurs appellent les entreprises à « réconcilier la promesse du travail avec la réalité de l’emploi ». « La responsabilité incombe aux employeurs, estiment-ils. À eux de répondre par des méthodes de management du XXIe siècle, et non celles héritées du XXe siècle, à la diversité des attentes » de cette génération.