Même si les connaissances manquent encore, une revue de littérature de l’Anses recense plusieurs types d’impacts négatifs potentiels du télétravail.
Après un fort développement au plus fort de la pandémie de Covid-19, le télétravail est aujourd’hui ancré dans les pratiques de nombreuses entreprises et salariés. Si les conséquences délétères d’un télétravail massif, mis en place dans l’urgence et avec parfois des moyens limités ont déjà été pointées pendant la pandémie, les effets sur la santé du travail à distance, même mieux organisé aujourd’hui continue d’interroger.
À la suite d’une demande de la Confédération française des travailleurs chrétiens, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a donc sollicité l’Institut de recherche en santé environnement et travail (Irset) pour faire le point sur les connaissances disponibles en la matière. Cette revue de littérature scientifique a donné lieu à un avis de l’Anses publié le 12 février dernier.
Des études insuffisantes
L’étude conduit à une première conclusion : on manque encore de données pour déterminer et caractériser précisément l’impact du télétravail sur la santé de ceux qui le pratiquent. Cela s’explique en partie par le caractère très hétérogène des réalités que recouvre ce « vocable générique ». « « Les effets négatifs du télétravail sur la santé, le bien-être et la vie sociale et familiale sont étroitement liés à son contexte d’application social et juridique », souligne ainsi l’Agence. Difficile donc d’aboutir à des conclusions générales. En outre, les études menées avant ou pendant la pandémie ne permettent pas forcément d’éclairer la situation actuelle.
Des effets potentiels négatifs du télétravail « pour la santé des travailleurs et l’activité » sont toutefois mis en évidence. En matière de santé, la liste est longue. L’Anses cite ainsi les troubles musculo-squelettiques, des impacts sur la vue, la perturbation des rythmes circadiens comme le rythme veille-sommeil, des effets sur les comportements alimentaires et addictifs, ou encore l’impact sur la santé mentale. Des effets potentiels sont aussi constatés concernant la vie sociale des travailleurs avec des modifications de l’articulation entre la vie professionnelle et la sphère socio-familiale.
Enfin, concernant les impacts sur l’activité de travail, l’étude évoque notamment une augmentation des exigences en matière de réactivité et de disponibilité, le développement d’horaires atypiques, la modification des « dynamiques relationnelles entre collègues et avec la hiérarchie ».
Prévention pour le télétravail
Plusieurs éléments déterminants dans les effets du télétravail sont mis en lumière par cette étude : son caractère subi ou choisi, le statut familial du télétravailleur, le genre, les catégories socioprofessionnelles, l’accès à la médecine du travail. Pour « pouvoir identifier et évaluer les risques en vue de mieux les prévenir », l’Anses recommande donc de poursuivre les recherches sur le sujet.
Elle rappelle que cette « forme d’organisation de travail à part entière qui ne se limite pas à la pratique du travail dans un autre lieu » doit être prise en compte dans l’évaluation des risques professionnels. L’objectif ? Mettre en place des « mesures de prévention, portant à la fois sur l’organisation du travail, la formation et l’information de l’ensemble des managers ou encore sur l’aménagement des postes de travail des personnes concernées ».
