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Faire entrer un investisseur au capital : comment éviter les déconvenues

Publié le jeudi 1 décembre 2016 à 10h33
Par Anne-Bénédicte Hoche, Accroche-press' pour France Défi
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Décider de faire entrer un ou des associés comme investisseur au capital de sa société est une décision parfois difficile. Qu’il s’agisse de financer un nouveau plan de développement, d’accompagner la croissance de l’entreprise, de faire face à des difficultés de trésorerie temporaires… quelle que soit sa maturité, c’est un moment clé pour l’entreprise. Voici quelques clés pour éviter les déconvenues.

Bien choisir son partenaire comme investisseur au capital

En fonction du stade de vie de l’entreprise, les besoins diffèrent. Il faut donc « bien comprendre la stratégie du fonds », explique Nicolas Champs, expert-comptable pour le cabinet Act-Audit à Tours, membre du groupement France Défi, pour s’assurer que cette stratégie est en accord avec ce que cherchent les dirigeants. « On peut être sur la durée et l’accompagnement, par exemple sur dix ans, avec un investisseur qui apporte son savoir-faire, son réseau. C’est notamment le cas dans des opérations de croissance. » A l’inverse, « la stratégie du fonds peut être de maximiser les profits, par exemple dans une entreprise naissante, où il s’agit d’un pari ». Le dirigeant doit s’assurer que les futurs partenaires regardent bien dans la même direction que lui. « Au-delà de l’aspect financier, c’est d’abord une histoire d’hommes », assure Nicolas Champs.

Anticiper la sortie

« L’investisseur n’a généralement pas vocation à rester pendant toute la durée de vie de l’entreprise. Il est donc primordial de bien anticiper le moment de la sortie », insiste Nicolas Champs. A quel moment ? Pour quelle valeur ? Dans quelles conditions ? Pour une entreprise jeune en phase de croissance, le dirigeant prend le risque, si l’opération est mal anticipée, d’être dilué à la sortie. « Par exemple, il peut y avoir un engagement de résultat qui, s’il n’est pas atteint, permet au fonds de prendre la main pour vendre la société. »

Se faire accompagner pour bien border les conditions

Pour conclure le pacte d’actionnaire, et éventuellement modifier les statuts de l’entreprise, il est indispensable de se faire accompagner, « à la fois par un professionnel du chiffre et un professionnel du droit ». Le pacte d’actionnaire régit les relations entre associés, et plus généralement la vie de la société. C’est un document central dont chaque clause doit être mûrement réfléchie : organisation de la gouvernance, droit de véto de certains actionnaires, clause de préemption, clause d’agrément, clause de rachat forcé, de sortie conjointe, d’exclusion… Le dirigeant doit être bien conscient de ce qu’implique chacune des clauses.

Investisseur au capital, s’y prendre suffisamment tôt

La recherche d’investisseur et la levée de fonds est un processus long, qui prendra plusieurs mois et sera très chronophage pour le chef d’entreprise. Même s’il se fait aider pour les opérations de chiffrage par exemple, « le fonds veut évidemment rencontrer le dirigeant », précise Nicolas Champs. Il faudra prendre le temps de soigner tout particulièrement la présentation de la société, pour espérer séduire les investisseurs.

Une levée de fonds est aussi une opération coûteuse. Il faut rémunérer les conseils, mais « il est aussi fréquent que le fonds demande un audit extérieur, à la charge de l’entreprise ».
Par ailleurs, une tentative de levée de fonds dans l’urgence risque fort d’être un échec… Une entreprise au bord du dépôt de bilan ne sera pas attractive et, dans le meilleur des cas, le rapport de force au moment de la négociation sera très largement en défaveur du dirigeant

Voir cette opération comme une opportunité

Le côté très intrusif de l’entrée au capital de nouveaux actionnaires ne doit pas faire peur pour autant. Pour Nicolas Champs, « cette opération occasionne en général une bonne dynamique ». « Les investisseurs sont très demandeurs d’informations. Ils veulent aller au-delà des chiffres. Cela a un rôle d’aiguillon : le dirigeant ne se retrouve plus seul en termes de stratégie, il se trouve confronté au regard extérieur de personnes qui ont de l’expérience. C’est un cercle vertueux et pédagogique, qui peut par exemple inciter à mettre en place des tableaux de bord… »
Si elle est bien bordée et anticipée, la levée de fonds ne reviendra pas à faire entrer le loup dans la bergerie, mais à se doter d’un nouveau partenaire qui insufflera une nouvelle dynamique à la société.