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Écrans: les travailleurs doivent s’en libérer !

Publié le mercredi 24 juin 2015 à 15h54
Par Céline Tridon, Accroche-press’ pour France Défi
Experts & Décideurs Stratégie d’entreprise Digitalisation et innovation Écrans: les travailleurs doivent s’en libérer !

Lire ses emails en dehors des heures de bureau et même tard le soir ou le week-end : une habitude que prennent de plus en plus de cadres et de dirigeants. D’après une étude réalisée en 2013 par l’éditeur de logiciels Roambi, ils sont 9 sur 10 à consulter leurs messages électroniques en dehors du bureau. Et un cadre sur deux poursuit cette veille jusque dans son lit. Dégainer son portable à tout moment, jongler entre l’ordinateur et la tablette, éplucher les réseaux sociaux : avec les nouvelles technologies, les écrans sont omniprésents. Pourtant, il est essentiel de décrocher.

 Se détacher des écrans

Carole Blancot est psychologue et l’auteur du livre Inondé sous les emails, résistez ! (éditions Hachette). Pour elle, il faut savoir se sevrer du digital. « Certaines utilisations deviennent intensives ou inadaptées. Les accros aux écrans montrent des signes de comportements asociaux, ils éprouvent des difficultés à communiquer dans la vie courante. » Un comble, donc, quand les emails et autres messages électroniques ont pour but de faciliter les échanges. « Plus on passe de temps sur Internet, plus on développe son réseau. On multiplie les contacts et par conséquent les échanges, les notifications, les alertes. L’utilisateur devient submergé et consulter ses mails devient une activité chronophage », poursuit Carole Blancot.

Des initiatives à grande échelle…

Pour ne pas tomber dans la contre-productivité, certaines entreprises ont mis en place des initiatives collégiales, qui concernent tous les collaborateurs. Le site d’e-commerce PriceMinister a instauré une demi-journée sans email : un vendredi matin par mois, les salariés doivent oublier leur messagerie électronique. Orange organise également des journées sans emails, tout comme Sodexo. Le groupe de solutions de fidélisation a d’ailleurs mené une large opération autour de l’« email attitude », avec animations d’ateliers spécifiques dans les différents comités de direction. Même l’Allemagne se préoccupe du courriel abusif. Par exemple, le groupe Daimler (maison mère de Mercedes-Benz) efface, via un assistant électronique, les emails entrants des collaborateurs en vacances.

… et des pauses quotidiennes

« Ne plus consulter ses emails est une solution radicale. Mais elle peut avoir un effet inverse de culpabilité : peur de manquer quelque chose, de ne plus être utile… », souligne Carole Blancot. Pour la spécialiste, les cadres doivent par conséquent apprendre à se fixer des règles entre eux. « Ils peuvent notamment se mettre d’accord sur une nouvelle manière de communiquer, moins tournée vers les outils digitaux », propose-t-elle. L’entreprise peut également décider de montrer l’exemple, à l’image de ce qu’a fait BNP Paribas. Le groupe financier a mis en place l’année dernière une charte d’engagements pour l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. « L’équilibre des temps de vie est important pour que nos collaborateurs soient sereins. Aussi, l’un des principes est d’éviter les emails le week-end ou tard le soir. Auparavant, les managers n’avaient pas conscience que cela pouvait générer du stress », commente Barbara Leveel, responsable diversité de BNP Paribas. Depuis un an, l’initiative est respectée, y compris par les cadres dirigeants du groupe, assure-t-elle. Ces derniers ont appris à programmer l’envoi de leurs emails à des heures de bureau.