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Communiquer les comptes à son banquier

Publié le mardi 9 juin 2015 à 07h59
Par Caroline Laires-Tavares, Accroche-com’ pour France Défi
Experts & Décideurs Vie de l’entreprise Gestion de l’entreprise Communiquer les comptes à son banquier

Les comptes ne permettent pas seulement à l’expert-comptable de remplir des obligations fiscales. Ils sont aussi l’occasion pour le dirigeant d’analyser la performance réalisée par son entreprise.

Le chef d’entreprise a tout intérêt à les communiquer à son banquier pour les décrypter avec lui et ouvrir la voie à de nouvelles négociations…

Détailler le résultat de l’exercice à son banquier

L’entreprise réalise-t-elle des pertes ou des bénéfices ? C’est la première information qui intéresse le banquier. Pour cela, il procèdera à l’examen du résultat. « Si la société a réalisé des bénéfices, il se demandera si le montant lui permet d’emprunter. A l’inverse, si des pertes ont été enregistrées, il cherchera à comprendre pourquoi et si celles-ci vont perdurer ou non », explique Gérard Magar, expert-comptable et commissaire aux comptes au cabinet Magar SA de Strasbourg, membre de France Défi. Une perte importante n’aura en effet pas la même signification si elle est due à la destruction d’un bien par une tempête (événement exceptionnel) ou si elle est associée à une forte baisse de la marge commerciale (liée à l’exploitation).

Le compte de résultat est divisé en trois parties : la première relative à l’activité économique courante, c’est le résultat d’exploitation (différence entre les produits et les charges d’exploitation) ; la deuxième qui détaille la gestion financière, c’est le résultat financier ; et la troisième pour les opérations exceptionnelles comme par exemple la cession d’un immeuble ou d’une machine qui peut dégager une importante plus-value, c’est le résultat exceptionnel.

Le cumul de ces trois montants, diminué de l’impôt sur les sociétés, détermine le bénéfice net comptable ou la perte de l’exercice. Le banquier pourra ainsi vérifier si l’entreprise dégage durablement des bénéfices ou si elle maîtrise un déficit conjoncturel.

Expliquer l’évolution du chiffre d’affaires

Qu’il diminue, stagne ou augmente, le banquier va vouloir connaître les raisons de la variation du chiffre d’affaires de l’entreprise. « Il s’agit d’une donnée parmi d’autres. L’entreprise peut avoir un chiffre d’affaires très important et quand même se casser la figure », prévient Gérard Magar. Sa baisse au profit d’une forte rentabilité est une très bonne chose, mais si son augmentation s’est faite au détriment de la trésorerie, cela peut mettre en péril la société.

Pour donner une idée du développement de la structure, la présentation pluriannuelle des données comptables permettra de mettre en évidence l’évolution de chaque poste de dépenses et de recettes, et leur contribution positive ou négative dans l’élaboration du résultat. Le poids en pourcentage dans le chiffre d’affaires de certains postes est aussi un indicateur important.

En outre, le taux de marge globale sera souvent plus intéressant à analyser que la progression en valeur absolue de cette marge. De même, au niveau de chacune des charges, il est plus pertinent de mesurer leur évolution par rapport au niveau d’activité. Ainsi, le ratio frais de personnel sur chiffre d’affaires et son évolution d’une année sur l’autre permettent d’analyser l’évolution du niveau de productivité de l’entreprise.

Démontrer une bonne capacité d’autofinancement

Le banquier s’assurera de la capacité d’autofinancement de l’entreprise, c’est-à-dire des ressources dégagées qui permettent de faire face aux remboursements des dettes financières, de financer la croissance et enfin de rémunérer l’exploitant ou les associés.

Si le résultat net est très bon mais que l’entreprise a emprunté plus qu’elle ne peut rembourser, l’établissement bancaire verra rouge. Cet indicateur permet également de savoir si la société peut solliciter de nouveaux emprunts et donc, à hauteur de quel montant elle peut investir pour se développer. Il est déterminant pour l’avenir de l’entreprise.

Soigner sa trésorerie

Les encaissements et les décaissements réalisés à la date du 31 décembre permettent au banquier d’étudier les délais de paiement assurés par les clients, mais aussi ceux que l’entreprise pratique vis-à-vis de ses fournisseurs. Tout décalage peut provoquer des incohérences qu’il s’agira d’expliquer.

Autre élément d’information : le poids du stock dans le bilan. Comment est-il financé ? Est-il bien géré ? Un volume très important peut nécessiter un besoin en trésorerie plus conséquent. Là aussi, le partenaire financier s’assurera que l’entreprise a une gestion cohérente avec son activité.

NOTRE CONSEIL

Pour Gérard Magar, « il est important de rencontrer son banquier au moins une fois par an pour évoquer avec lui le développement des activités de sa société, et lui expliquer, si le bilan n’est pas bon, ce qu’il compte entreprendre pour corriger le tir. Il ne faut jamais le mettre devant le fait accompli ».